Les débuts en Isère au XIIe siècle
L’ordre de Chalais est originaire du département de l’Isère. Cet ordre est créé par une poignée d’ermites, sous la bénédiction de l’évêque de Grenoble, Hugues de Chateauneuf.
Désireux de vivre le grand élan de recherche de Dieu et de pauvreté, ils s’installent sur une terrasse dominant la vallée de l’Isère à 940m d’altitude, ou ils construisent l’abbaye de Chalais qui existe dès 1124.
Une histoire courte…
C’est une histoire bien triste que celle de l’Ordre de Chalais, né en même temps que Citeaux et la Grande Chartreuse au XIIe siècle, disparu deux siècles plus tard, non sans avoir essaimé dans le sud-est de la France.
Des “filles” de Chalais, aucune ne connaîtra un sort enviable. Certaines n’ont laissé aucune trace dans le paysage français, tout au plus un nom.
D’autres, moins défavorisées sont perpétuées par quelques bâtiments ou archives : tels sont les cas de Chalais, Boscodon, Valbonne et Lure. Certaines enfin, ne sont connues que par des ruines, un titre d’abbé commendataire, de rares écrits qui les mentionnent indirectement…
… mais une implantation importante dans le quart sud-est de la France
En 1130, une autre communauté s’installe dans la chapelle Saint-Marcellin, sur les hauteurs boisées de Boscodon. En 1142, Chalais est appelé par l’évêque d’Embrun pour renforcer cette petite communauté et élever Notre Dame de Boscodon.
Ils sont menés par Guigues de Revel qui essaimera l’ordre de Chalais dans tout le sud-ouest. En 1142, Boscodon voit le jour. Suivra ensuite l’abbaye de Lure dont il sera le premier abbé en 1170.
En deux siècles, 13 abbayes sont construites.
En 1303, les problèmes économiques ont raison de l’abbaye de Chalais. Trop appauvrie, elle est absorbée par la Grande Chartreuse. D’autres établissements chalaisiens s’affilient avec un ordre plus prospère ou un chapitre cathédral. Seules les abbayes de Boscodon et de Clausonne lui survivent quelques siècles.
Doctrine et pratiques des moines Chalaisiens
L’ordre se place dans la lignée spirituelle des cisterciens, dont le courant se diffuse dès la fin du XIe siècle : c’est le renouveau monastique. Les moines obéissent à la Règle de Saint-Benoît qui possède un cadre strict encadré par une constitution écrite. Les abbés sont élus élus par la communauté des moines.
Ils vivent en communauté, à l’écart des voies de communication, dans une grande pauvreté. L’isolement prime comme condition de la vie spirituelle contrairement à d’autres ordres comme les prémontrés (qui valorisent l’accueil et l’empressement pastoral) ou les bénédictins (qui comptent sur des reliques pour attirer des pèlerins). La charité et le détachement des biens matériels commandent les rapports de l’abbé avec les moines.
Les moines chalaisiens sont vêtus de blanc. Leurs journées sont rythmées par la prière et la méditation. Cependant ce ne sont pas des moines fainéants ! Ils mènent une vie de labeur, celles des paysans des régions de montagnes : ils cultivent et élèvent du bétail. Ils vivent en quasi autarcie, ne mangeant que les produits des potagers, des vergers et des poissons de la rivière située en contrebas.
La vie des moines à Clausonne
À Clausonne ils ont essarté, défriché la forêt. Avec les travaux de construction ils ont capté une source, ont repéré puis exploité plusieurs carrières, du côté de Château-Juan et, de manière plus proche, dans les strates calcaires des berges de Maraize, la rivière toute proche.
Ils ont également aménagé un four à chaux, indispensable pour confectionner le mortier. Et pendant de longues années, parallèlement au travail de laboureur et de pâtre qui les a nourri, ils ont servi de terrassier, puis de manœuvre aux maçons, charpentiers et tailleurs de pierres qui ont élevé les murs du monastère…
Les moines ont largement été aidés par les frères convers pour toutes ces tâches.